La nature

Entre chien et loup
Bleu sombre
Cette ligne de montagne
Qui trace l’horizon
Elle s’adosse
A un bandeau de ciel pâle
Tissé de soie
Une traîne de brume la surplombe
Y plonge parfois
Disparaissant puis réapparaissant
Une lune en croissant
La montagne
La montagne nous offrait son flanc
Pour la gravir lentement
Passé le petit bois
Le paysage s’ouvrait largement
En-bas les fermes s’éparpillaient
Sur le plateau si blanc
Aux enclos accolés
Les vaches prenaient le soleil
Ombres et lumières
Prairies et bosquets
La nature se révélait
Et nous enveloppait jusqu’au sommet
Te souviens-tu en redescendant
Nos pas détachaient
De légers fragments neigeux
Qui dévalaient la pente
L’imprimant d’un faisceau
De pointillés délicats
Le vieux jardin
De l’autre côté
De nos fenêtres
Le vieux jardin
Délaissé par les humains
Etablit lentement son royaume
Sous sa coupole de silence
Il tisse dans l’ombre
Une trame de végétaux
Pour protéger les animaux
Qui y ont trouvé refuge
Il brode sur sa neige
L’empreinte du renard
Trempe sa plume
Dans l’écarlate du pic épeiche
Et trace des fulgurances
Dans les branchages
La maison qui régnait autrefois
Est digérée par le passage du temps
Peu à peu elle disparaît
Ses tuiles ses briques
Retournent à la terre
Sans bruit elle s’efface
Le vert des volets
S’est mêlé à celui des feuillages
Il s’écoule dans la mousse douce
L’on n’entend plus que son murmure
Je le suivrai ce murmure
Et je m’y perdrai
Le peuplier
Peuplier
Peuplier à nul autre pareil
Sentinelle de mon coin de monde
Depuis tant d’années
Tu en as tellement vu
Tu en a tellement entendu
Tous ces pas ces vies
Criées ou chuchotées
Qui défilent à tes pieds
Tes longues branches dressées
Aspirent leurs paroles
Les passent au tamis
De ta brume verte
Pour les transmettre là- haut
Tout là- haut
Beau peuplier
Beau peuplier à nul autre pareil