Les humains
Ils sont venus la nuit
Ils sont venus la nuit
Ils ont dévoré les prairies
Les arbres les fleurs
Ils ont effacé les maisons tendres
Redressé les chemins
Qui serpentent
A la place
Ils ont déroulé des tapis de béton
Érigé des murs
Planté des feux rouges
Tracé au sol
Les passages obligés
Au matin
J’ai ouvert ma fenêtre
Et le monde que j aimais
Avait disparu
Au long de la Seymaz
Grand- mère grand-mère
Les feux brûlaient-ils
Autrefois
De la même flamme pour toi
Que celui de ce soir
Au milieu des champs noirs
Demain à la lumière
Je reviendrai
Longer ici ta rivière
Ruban
Qui tout à coup miroite
Entre les herbes sèches
Traversant intacte
Les années
Et nous reliant à nouveau
L’une à l’autre
Chef d’orchestre
Des deux mains engendre la vie
L’une régulière
Fait
Battre le cœur
Couler le sang
Le fleuve avance puissant
Et l’autre impromptue
Invente
Le bonheur le malheur
Entrelacements infinis
Alep
Cet homme-là
Sur l’écran de télévision
Silhouette sombre
Sur fond de désastre
Parfois brièvement
Il lève les paupières
Et ses yeux sont noyés
Dans un gouffre de désespérance
Sa femme enceinte et lui attendent
Au milieu des ruines
De leur ville assiégée
L’évacuation promise
Et toujours repoussée
Ses amis l’appelaient Gandhi
Mais pourtant aujourd’hui
Dans sa poche il a glissé
Un revolver
Si les soldats fous
Devaient les capturer
Tous deux ont décidé
D ‘en finir
Avec la vie